L’Etat nounou se fout de nous


L’Etat nounou se fout de nous

La France, est classée à la sixième place des Etats nounous d’Europe.

Les mesures françaises sont centrées principalement sur le fait de taxer à tous les niveaux les biens vus comme nocifs pour la santé.

Dans une précédente édition, je vous parlais du réel but de la taxe sur les sodas… qui n’était pas réellement conçue pour améliorer la santé publique mais bien pour renflouer les coffres vides de l’Etat.

L’ancien ministre des Finances, François Barouin, l’avouait sans vergogne sur France 2.

Je vous avais aussi parlé des effets secondaires de ces taxes :

  • Augmentation du marché noir
  • Perte de pouvoir d’achat, en particulier pour les plus pauvres
  • Coût supplémentaire pour la gestion bureaucratique de cette taxe
  • Transfert de la consommation sur d’autres produits qui produisent des conséquences similaires voir pires.

Ce qui est triste, c’est de constater que les politiques tendent de plus en plus à restreindre les libertés des citoyens « pour leur propre bien » et ignorent les conséquences néfastes de ces mesures.

La taxe n’est pas la seule mesure paternaliste existante dans l’arsenal des politiciens.

L’autre mesure traditionnelle, c’est la « prohibition », soit l’interdiction totale ou partielle de la vente d’un produit.

Je voulais d’ailleurs vous raconter une aventure qui m’est arrivée au cours de mes voyages en Europe de l’Est.

Ne touchez pas à ma bouteille !

 

Il y a deux ans, je fus invité à Vilnius, en Lituanie, pour une conférence sur le boom économique des pays baltes.

Après une sympathique soirée dans un bistrot, nous avions envie de finir nos discussions dans l’appartement d’un ami local.

Je proposais d’aller acheter une bonne bouteille de vin à emporter pour agrémenter notre soirée.

Je rentre donc dans le premier magasin du quartier et l’épicier, après avoir encaissé, me débouchonne la bouteille devant moi.

Je regarde, médusé, ce dernier me tendre une bouteille ouverte.

Je lui demande s’il peut me rendre le bouchon… il me fait comprendre dans son anglais approximatif, qu’il ne peut me donner qu’un sac en plastique.

Je ne comprends rien de ce qu’il m’arrive.

Voyant mon hésitation, il prend le sac en plastique et l’enfile DANS ma bouteille.

Je paierais pour voir la tête que je faisais en sortant de l’épicerie, une bouteille ouverte à la main avec un sac en plastique sortant du goulot !

Mon ami m’explique :

Le gouvernement lituanien a décidé de lutter contre l’alcoolisme et souhaite limiter la vente d’alcool à emporter.

Le problème est qu’ils ne voulaient pas empêcher les bistrots, restaurants et boîtes de nuit de continuer de fonctionner.

Ils ont donc légiféré ainsi : À partir de 20h, il est interdit de vendre de l’alcool, non ouvert.

Les épiciers et les vendeurs, pour maintenir leur business et leur chiffre d’affaire, ont donc vendu les bouteilles ouvertes et installé un semblant de table et chaise pour faire croire à une consommation sur place.

Ne pouvant donner le bouchon pour assurer le transport fermé de la bouteille, les vendeurs donnent le sac en plastique traditionnel pour emporter ses courses qui devient alors le seul moyen de fermer la bouteille…

Les consommateurs se retrouvent donc à rentrer chez eux avec des bouteilles ouvertes ce qui pousse directement à consommer la totalité de ses achats plutôt qu’à les stocker pour une prochaine fois.

Pour la lutte contre l’alcoolisme, on repassera.

La prohibition ne fonctionne pas

 

Et ce n’est pas nouveau…

La prohibition totale de l’alcool aux Etats-Unis durant les années folles (20-30) a été un échec retentissant.

Explosion du marché noir, augmentation des cas d’alcool frelaté, etc.

La prohibition partielle, (les taxes et autres mesures) ont également des effets secondaires désagréables, et le bilan est rarement glorieux.

Il n’y a d’ailleurs pas de lien entre le niveau de développement des mesures paternalistes d’un Etat et l’espérance de vie des citoyens.

Sur ce graphique de l’institut Epicenter, on voit que les différents pays (points rouges) sont éparpillés sur le graphique. Ça signifie qu’il n’y a pas de lien de corrélation entre le nombre de mesures paternalistes (« nanny state ») et l’espérance de vie.

Cependant, il y a un lien CLAIR entre les capacités économiques et l’espérance de vie.

Sur ce dernier graphique, on voit qu’il y a une corrélation (la barre rouge sur le graphique) entre la capacité économique des pays et leur espérance de vie.

Ce qui est vrai entre les pays l’est aussi à l’intérieur des pays.

Les personnes les plus précarisées sont les plus soumises à l’obésité, au tabagisme ou à l’alcoolisme.

Lutter contre la pauvreté, pas contre les choix !

La cause n’est donc pas le produit en lui-même mais la misère économique des gens.

Les mesures de l’Etat-nounou ne font que précariser encore plus ces personnes en les taxant, en les frustrant et en les poussant dans l’illégalité pour satisfaire leurs vices ou plaisirs.

Car les lois ne suppriment pas les problèmes des gens.

Il est scientifiquement prouvé que l’addiction est avant tout psychologique.

Toutes ces mesures incitatives n’enlèvent rien à la réalité humaine.

Le pire, dans tout ça, c’est que les politiques se rendent bien compte de l’inutilité de ces mesures sur le plan sanitaire.

Ils sont suffisamment intelligents pour lire les rapports et les chiffres.

L’augmentation du prix du tabac en est un exemple flagrant : l’augmentation se fait petit à petit pour ne jamais dépasser le seuil psychologique qui entraînerait une véritable baisse de la consommation !

Là encore, le problème c’est qu’il faut qu’ils montrent qu’ils sont utiles et qu’ils « agissent ».

La prohibition est simple à mettre en place et les taxes permettent de compenser leurs problèmes budgétaires.

Les mesures paternalistes sont donc très intéressantes pour les politiciens.

Elles leur donnent des votes et de l’argent pour leurs budgets.

Cela me fait penser à cette citation de Benjamin Constant, auteur classique de la littérature française qui disait ceci : « La multiplicité des lois flatte dans les législateurs deux penchants naturels, le besoin d’agir et le plaisir de se croire nécessaires. » (Principes de politique)

 

Frédéric Duval
Le Vaillant Petit Economiste





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