La France qui s’expatrie

Chère lectrice, cher lecteur,

 

Si vous lisez cette lettre régulièrement, vous savez peut-être que j’ai vécu plusieurs années à Prague.

Durant mon séjour, je fus surpris du nombre impressionnant de français habitant dans la ville aux mille clochers.

Lorsque je sortais pour partager une pivo avec mes amis tchèques, je me retournais régulièrement au doux son de ma langue maternelle.

N’y tenant plus j’ai fini par en interpeller un : que faites-vous dans ce quartier, loin des touristes ?

 

Qui sont ces candidats à l’exil ?

 

La plupart sont des jeunes en début de carrière. Ils ont fait des études et ne trouvent pas d’opportunités intéressantes en France.

Beaucoup veulent changer d’air.

Ils parlent parfois une ou plusieurs langues étrangères et trouvent très facilement du travail dans cette ville en plein boom.

Contrairement à la France, la République Tchèque peut se vanter d’avoir le quasi plein emploi : moins de 3% de chômage alors que la France se rapproche des 10%.

D’ailleurs, à Prague, on ne se prive pas pour changer de poste régulièrement tant l’offre est forte sur le marché du travail.

Et on en profite forcément pour négocier avec l’employeur un salaire revu à la hausse.

Quelle différence avec la France !

Alors oui, les salaires sont plus bas qu’en France…

Mais dans un pays où tu paies un euro ta bière et moins de 800 euros un deux pièces en plein centre d’une des plus belles villes du monde, tu ne te plains pas !

 

Où vont-ils ?

 

Sans étonnement, les français vont là où l’économie tourne, et où il reste des opportunités à saisir !

La Suisse est en tête du classement, suivie des États-Unis et du Royaume-Uni :

Les jeunes sont de plus en plus nombreux à s’exiler parce qu’ils crèvent d’envie de bosser ! [4]

Les destinations « à la mode » sont des pays à l’économie performante.

On ne se rend pas en Angleterre pour le beau temps et la gastronomie.

Pour preuve, l’Italie et l’Espagne perdent de leur attrait.

 

 

Combien sont-ils à prendre la poudre d’escampette ?

 

Un peu moins de deux millions d’inscrits dans les consulats… mais l’INSEE pense qu’un expatrié sur deux ne s’enregistre pas.

On est sans doute proche des 4 à 5 millions.

Ça fait environ 5% de la population française… soit une personne sur 20.

Des chiffres effrayants… et qui ne cessent de progresser.

Mais pourquoi partent-ils en masse ?

 

La France tu l’aimes… et tu la quittes

 

Ces jeunes que l’on appelle souvent « expats » sont souvent partis pour des raisons purement économiques, loin du cliché de l’exilé fiscal qu’on entend en permanence dans les médias.

Les politiques nous disent que c’est un bon signe : « Les jeunes vont faire leurs armes à l’étranger pour revenir avec de nouvelles connaissances qui feront la grandeur de la France de demain ! »

La vérité est que la plupart ne reviennent pas ! [1]

Et quand ils reviennent, c’est pour trouver un véritable ENFER bureaucratique. [2]

Certaines personnes qui envisageaient de rentrer ont même renoncé tant c’est un parcours du combattant.

Ne serait-ce que pour acquérir un logement, il vous faut :

  • Un avis d’imposition français,
  • Une fiche de salaire française,
  • Un contrat de travail,
  • Etc…

Comment voulez-vous avoir tout cela lorsque vous revenez de plusieurs années à l’étranger ?

Dans un marché immobilier complètement fermé, même si vous avez un bon capital, la plupart des agences immobilières refusent simplement d’étudier votre dossier !

Et là je ne parle que du logement… Je vous épargne les démarches administratives (type maison des fous) de l’Etat français.

 

C’est tragiquement simple : Marianne chasse ses propres enfants

 

Quand je compare avec Prague où il suffit de payer en cash deux loyers au moment de la signature du contrat, le contraste est saisissant.

Le seul papier administratif nécessaire ? Une copie de ma carte d’identité.

Et c’est tout !

Pour l’emploi, c’est encore plus impressionnant : deux entretiens et on signe un CDI directement.

C’est là qu’on réalise que notre pays n’est plus une destination pour travailler ! [3]

Du coup il ne faut pas s’étonner qu’ils aillent voir si l’herbe n’est pas plus verte chez nos voisins…

 

Prendre son destin en main

 

Après discussion avec ces jeunes échappés, je suis resté dépité… et admiratif.

Ils ont pris une décision difficile.

Ils se sont levés et ont quitté leur cocon, leur confort et accepté de prendre un risque.

J’ai ressenti chez eux cette envie de réussir, cette hargne de celui qui veut faire sa place dans le monde.

Ils pourraient être en France, au chômage, passer leurs journées devant des jeux vidéo et des séries Netflix et n’avoir comme exigence que des visites régulières à Pôle Emploi.

Une situation précaire certes, mais sans risque.

Quand on est jeune, sans enfant et sans responsabilité financière, il est possible de vivre avec un tout petit revenu.

Vous vous faites un plat de spaghettis et vous passez vos journées à regarder des séries ou à jouer à des jeux.

Au XXIe siècle, il est difficile de s’ennuyer devant la pléthore d’offres de divertissement bon marché.

Mais ces jeunes expats ont compris qu’on ne doit pas gaspiller sa vie.

Suivant les conseils de Macron 1er, ils se sont levés et ont traversé… la frontière.

Plus sérieusement ils ont compris qu’il n’y a rien à attendre dans notre pays, et qu’il vaut mieux aller chercher meilleure Fortune ailleurs.

 

Frédéric Duval

Le Vaillant Petit Economiste

 





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