Demain, tous des clones !

Tous nourris au McDo, habillés par H&M et meublés chez Ikea : c’est le destin que nous promet le libre-marché.

Pire que cela, les échanges internationaux disloquent nos cultures régionales au profit d’une culture de masse superficielle, fondée sur le profit.

Clichés ou réalité ?

Au-delà de ces poncifs, il y a deux visions du monde qui s’affrontent : l’une attentive à son héritage, s’inquiète d’un avenir désincarné, l’autre confiante dans l’avenir, se réjouit des avancées de notre civilisation.

C’est un peu l’éternelle querelle des Anciens et des Modernes qui se rejoue.

La peur du changement, bien française diraient certains…

Sauf qu’aujourd’hui, c’est le libre marché dans le rôle du grand méchant loup.

Mais ce ne sont pas les valeurs du passé qui jouent le rôle de la brebis.

Ce serait carrément notre culture et notre identité qui seraient menacés !

S’il y a un fond de vérité, il y a aussi une illusion d’optique doublée d’une certaine hypocrisie.

Regardons la réalité en face…

Arrêtons l’hypocrisie

 

Assis dans le bar irlandais de son quartier, le citoyen français, vêtu de ses habits de coton chinois, sirotant son vin espagnol dans son verre fabriqué en Pologne se plaint de la musique pop américaine diffusée par des haut-parleurs japonais.

On a tendance à oublier que notre vie locale elle-même s’est forgée d’échanges plurimillénaires.

Nos cultures locales ne constituent rien d’autre que le produit des multiples échanges passés. 

  • Nos menus « régionaux » sont garnis de fruits et légumes importés des Amériques par les conquistadors.
  • Notre littérature française s’est autant inspirée du monde qu’elle a inspiré le monde extérieur.
  • Notre musique locale se joue sur des instruments qui ont été développés, inventés ou fabriqués dans de multiples contrées.
  • Notre identité même est le fruit de nombreuses vagues migratoires, et « nos ancêtres les gaulois » est un mythe forgé au XIXe siècle.

Dire que les échanges internationaux détruisent notre culture, c’est oublier que cette dernière est en bonne partie le résultat de ces échanges.

Le commerce : socle de la culture locale

 

Le développement des échanges marchands a amené un enrichissement substantiel des cultures locales.

Voici quelques exemples :

  • L’art inuit en pierre sculptée ne s’est réellement développé qu’à la fin du XXe siècle grâce à l’accès à la stéatite alpine.
  • La musique irlandaise a connu son renouveau avec l’introduction du bouzouki grec dans les années 1970 et l’utilisation de bois africain pour ses célèbres flûtes.
  • La beauté des chants diatoniques des chœurs bulgares a été reconnue à Hollywood dans des blockbusters tels que Troy ou Avatar et cela a fait redémarrer cette tradition.

Le problème n’est donc pas la destruction supposée des spécificités locales par le marché.

En fait, elles n’ont jamais été autant diffusées à travers le monde et améliorées par ces échanges.

Le problème, c’est la dynamique.

L’émergence et l’essor de la globalisation

Je ne vais pas vous faire un cours, mais je soulignerai une idée forte.

La peur que suscite une culture de masse uniformisée « hors-sol », pour reprendre le lexique de ses détracteurs, est double.

D’abord, elle est inédite, ensuite c’est elle qui connaît le développement le plus rapide.

En effet, c’est la première fois qu’un même courant s’impose dans presque tous les pays et toutes les sociétés, aux quatre coins du globe.

D’autre part, c’est elle qui se développe le plus rapidement, alors que les cultures locales se battent pour leur survie.

Certes, la mondialisation a été rapide, et même brutale pour beaucoup.

De très nombreux travailleurs (ouvriers, agriculteurs, etc.) souffrent encore de ce changement de paradigme et les défis sont nombreux.

Pour autant, ce n’est pas parce que la culture de masse se développe que cela se fait forcément au détriment des autres cultures.

Au contraire, celles-ci peuvent en bénéficier de deux manières.

Un grand coup de projecteur !

Premièrement, la globalisation a fait prendre conscience de la richesse de nos cultures et patrimoines régionaux.

Elle a mis le projecteur sur des éléments en déclin bien avant que le grand méchant libre marché ne débarque.

En réalité, la marché n’a pas écarté nos cultures locales : il a pris une place laissée vide !

On blâme le libre marché ou le méchant ogre capitaliste, alors que c’est nous et nos parents qui laissons mourir nos particularismes !

C’est parce que la transmission a été rompue, que les traditions sont apparues ringardes et désuètes que les jeunes générations se sont tournées vers autre chose.

Or, aujourd’hui on voit revenir en force les traditions et fêtes locales :

  • Festival des Vieux Gréements en Bretagne
  • Les Ferias du sud-ouest
  • La désalpe en Suisse

Les produits « nos régions ont du talent » ont fait leur apparition dans les supermarchés.

Les consommateurs font de plus en plus d’efforts pour retrouver des produits locaux fabriqués avec des savoir-faire ancestraux.

Bref, on redécouvre, on refait vivre.

Le made in France s’exporte !

La culture française n’a pas disparu.

Au contraire, elle s’est diffusée à travers le monde.

Elle n’a même jamais été plus visible !

Vous trouverez des boulangeries et des restaurants français dans la plupart des pays développés.

La demande internationale en vin français dope notre production et nos exportations.

Le savoir-faire français dans les domaines de la mode ou de la cuisine n’a jamais autant influencé.

Les esprits, comme les entreprises françaises, s’épanouissent à l’international.

Arrêtons de noircir le tableau

Personne n’est contraint de faire des choix exclusifs.

On peut se rendre aux fêtes locales, chanter dans le chœur du village ET s’habiller à la dernière mode américaine et manger des sushis japonais.

Aujourd’hui, nous pouvons manger McDo et aller dans un très bon restaurant français, acheter des meubles Roche Bobois ou Ikea selon notre budget et nous habiller avec des marques de différents pays.

Parallèlement à cette culture globalisée, nombreux sont ceux qui se cherchent une spécificité locale, liée à leur terre et à leur communauté de vie.

Sachons faire vivre nos spécificités, défendons-les en les améliorant.

Elles sont un atout dans une économie globalisée dont il est illusoire d’espérer un retour en arrière.

Mais savourons également les cultures des autres car elles s’offrent à nous dans toute leur variété.

Et plus que tout, n’oublions pas que c’est notre responsabilité de faire vivre notre culture et nos valeurs.

 

 

À votre bonne fortune,

 

Frédéric Duval
Le Vaillant Petit Economiste





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